Arrivée de George

Se serrant tout contre elle, tenant toujours le sac Vitton par la poignée, Tino tourna un regard étonné dans sa direction.

"J'avoue que je n'aurais pas été contre avoir un peu plus de place... Et si j'ai gêné leur potentielle descente, j'en suis désolé.
En tous cas, fais attention à ne pas te faire emmener ou écraser lors d'une descente... J'avoue que j'ai rarement vu autant de monde à cette heure-ci. L'approche des études, ça doit aider."

Le bus était parti depuis quelques minutes quand il s'arrêta pour la première fois, laissant descendre quelques personnes. Eloigné de la gare, il ne voyait monter aucun passager, ce qui laissait à George et à Tino de quoi avoir un peu plus d'espace. Quand une place fut dégagée, Tino poussa la fillette dans sa direction pour lui permettre de s'assoir.
"Et sinon, ton oncle et ta tante, ils font quoi dans cette ville ?" demanda poliment le jeune homme, comme pour poursuivre la discussion.

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Opressée, compressée George tenait fermement la barre de fer verticale du bus bondé. Tête penchée vers le haut elle fixait Tino d'un air maussade confirmant ainsi son dégoût pour toute forme de transport en commun

"Il m'a semblé un instant pendant un court instant que vous ne souhaitiez pas voir ces gens partir du bus. Un peu d'espace auraient été pourtant la bienvenue Si je n'ai pas rêvé bien entendu..."

La fillette vérifia si le sac Louis Vuitton était bien aux pied de Tino puis continua l'échange.

"Peut être aviez vous peur de vous retrouver en tête à tête avec une fille âgée d'à peine 12 ans? Ou aviez vous une autre raison?" demanda t elle un poil moqueuse, un rire enfantin glissant sur ses lèvres.

La Ventru eut beau hurler, ou tenter d'intensifier son aura, la population ne sembla que guère perceptive. Quelques personnes parurent gênées, un petit nombre sembla même descendre, mais était-ce le contenu ou la façon de le formuler qui les avait dérangé, ça George n'en était guère sûre...
Cela dit, malgré leur premier mouvement, ils se heurtèrent à l'étranger qui sembla comme leur barrer la route un léger instant. A la grande stupeur de la fillette, il semblait désireux de ne point les voir partir de la sorte, et ils finirent par retourner à leur place, comme mû par un soudain changement d'avis, complétant le bus à tel point qu'il ne restait plus qu'une infime place pour les deux acolytes.

"Accroche-toi à moi, et tache de pas de faire piétiner petite" dit tout simplement Tino tout en donnant un léger coup d'épaule pour se frayer un chemin dans le bus, avant de tendre la main vers George pour la faire monter, et la tirer vers le centre du bus, où il avait réussi à se trouver un endroit à peine acceptable.
Oui, en effet, cette soirée semblait riche en rebondissements, et elle ne savait pourquoi, quelque chose au fond de George semblait lui prouver que ce serait loin d'être la fin...

Après la lourdeur excessive de sa valise, après le gardien de nuit voilà un nouveau problème pour cette soirée, décidément bien riche en rebondissements. La masse, le petit peuple, le vulgum pecus, la populace autant d'adjectif pour qualifier ces pauvres gens pour qui l'aristocrate n'adressait généralement que dédain et rires moqueurs.

"Je suis étonnée qu'il y ait autant de monde à une heure pareille. Je ne m'imaginais pas la cité aussi grande ou tout du moins en effervescence pareille."

George fronçait les sourcils de dégoût, la simple idée de devoir coller son corps à des étrangers puants probablement sueur et tabac lui donnait une envie de vomir.

"C'est une exception que je vais faire là... je ne prends jamais les transports en commun! Foi de De Wilde! Je suis peut être naïve mais avec ce qu'on entend de nos jours, à la radio ou à la télé j'ai toujours peur d'une bombe, ou d'une rixe!"

La dernière phrase venait d'être prononcée par la fillette de façon très audible afin que tout le monde dans les environs soit imprégné de ce petit soupçon de peur qui sommeille en chacun de nous. George venait ainsi d'user d'une autre de ses capacité de Caïnite: la Présence. Le but était, on ne peut plus simple : insuffler la Terreur à ces passagers qui souhaitaient prendre, le bus, son bus. Un peu de place ne lui ferait pas de mal. Si l'opération était un échec alors elle s'en remettrait à son nouvel ami : Tino le porteur.

Tenant le sac sur son épaule, le jeune étranger se pressera derrière la jeune fille pour qu'elle ne soit pas bousculée au niveau des portes, lui permettant ainsi aisément de prendre son temps avant de quitter le hall.
Elle aura ainsi tout le loisir de sortir tranquillement sur la grande place devant la gare, apercevant par la même occasion la ville s'étendre sous ses pieds pour la première fois, par l'intermédiaire d'une immense avenue en face du bâtiment qui semblait descendre directement vers le lac.

Un peu à côté, masquant une bonne partie des lumières de la cité, la cathédrâle projetait son aura de sainteté sur les lieux, témoignant comme un mépris à la Caïnite qui lui faisait face... Les gens se pressaient devant elle, à pied ou en voiture, voire même pour certains à vélo.
Pendant ce temps, taxis et bus patientaient à un autre coin de la place, tandis que d'autres rues partaient dans tous les sens à l'assaut de ce quartier pour le moins ancien, mais magnifique par son architecture.

"Je m'y connais assez dans cette ville pour me repérer dedans dirons nous, mais je ne suis pas là depuis si longtemps que ça..." répondit le jeune homme en souriant, comme percevant quelque chose d'autre dans la question de la fillette.
"Là-bas, la ligne 14, ce sera la plus facile pour accéder à l'Hôtel de Ville... par contre, faudra se serrer, il risque d'y avoir un max de monde."

Et en effet, à mesure que l'étrange couple se rapprochait des bus, George constata que l'assaut ne s'était clairement pas fait uniquement au niveau des taxis... mais pourquoi y avait-il encore autant de monde en cette heure tardive ici ?

"La dernière fois que je suis venue à Aurillia commence à remonter malheureusement... et mon jeune âge ne me permet pas d'avoir une nostalgie particulière pour les lieux de cette cité."

George passa ses mains dans les cheveux, puis croisa les bras et se rapprocha doucement de son colosse bagagiste.

"L'hôtel de ville me semble un bon repère. Bonne idée, là bas peut être que quelque chose me reviendra... Dans le pire des cas et leur fils viendra à pied m'y chercher si ce n'est pas trop loin."

"Allons prendre le bus!" conclut elle en visant d'un coin de l'oeil les portes du hall où la populace se pressait.

"Et sinon vous, vous êtes arrivé il y a longtemps ici?"

Ecoutant avec attention la petite fille, il finit par froncer les sourcils quand celle-ci lui indiqua qu'elle se repèrerait sans mal, avant de reprendre un sourire conciliant.
Puis il écouta sa question, tout en prenant son lourd sac sans trop de difficultés, avant de répondre :
"Je viens d'avoir un coup de fil. Finalement son train est arrivé en avances, du coup ce sera pour plus tard dans le centre. Ca tombe bien si tu comptes y aller aussi, cela dit par centre tu entends le centre de quel quartier ?
Tu penses que de l'Hôtel de Ville tu sauras les retrouver ? Dans quel quartier est-ce qu'ils t'attendent préférentiellement, et du coup préfèrerais-tu aller, George ?"

Il désigna en même temps les portes du hall prises d'assaut, avant de terminer :
"Italien ? Je sais pas, comme pour toi, disons que mon père aimait ce prénom."

"Tino? Vous êtes originaire de l'Italie?

Pour ma part je m'appelle George. Ce n'est pas très courant, ni très féminin d'ailleurs mais il faut blâmer mon père c'est un grand amateur de George Sand."

Tout en continuant la conversation la ventrue rebroussa chemin, pour finalement désigner d'un hochement de tête accompagné d'un sourire coquin sa lourde valise de cuir qui l'attendait là où elle l'avait laissé.

"Je vous remercie pour tout ce que vous faîtes pour moi.

Pour les taxis je vous ai dit que soit ils étaient pris d'assaut soit qu'ils étaient hors de prix, à moins d'être millionnaire je vous propose les transports en commun. Quant à la direction... et bien je ne connais pas le nom exact de la rue malheureusement, mais je sais que leur maison se situe en centre ville. Une fois sur place je me repèrerai sans mal je pense."

La vampire se montrait sûre d'elle, sûre de son mensonge. Après quelques pas cependant la curiosité, ce vilain défaut revint au galop, se plaçant au premier plan.

"Au fait vous ne deviez pas attendre quelqu'un?"

Se retournant pour hausser un sourcil vers la fillette, l'inconnu finit par esquisser un fin sourire, mêlant amusement comme compassion, mais aussi un sentiment que la Ventru n'arrivait pas à trouver.

"Bon, soit, je peux jouer à la nurse un petit moment si tu es si paumée.
Faudrait cela dit savoir où ils sont ton oncle et ta tante ? Surtout que je n'ai pas de voiture moi ici, donc à moins que ce soit pas loin, faudra qu'on prenne un taxi ou un bus...

Enfin bon... C'est quoi ton petit nom sinon ? Moi tu peux m'appeler Tino." termina-t-il en cherchant des yeux la valise de la jeune demoiselle dans l'attente évidente de lui servir de porteur.

"Monsieur ! Attendez !!! "

George venait de lâcher sa valise contrainte et forcée par des questions de pure logistique, courant après l’inconnu qui l’intriguait tant. Elle ne comptait pas le voir disparaître, quitte à griller son plan. Mimant un essouflement elle arriva prêt de sa proie, le regard fuyant ; presque fatiguée par tout ce jeu du chat et de la souris.

"Je suis contre un mur. Les taxis sont soient hors de prix soient pris d'assaut. Quant au garde de sécurité c'est un vrai imbécile, sans conscience professionnelle. Tout juste s'il m'a jeté un regard quand je lui ai demandé mon aide."

Pour argumenter ses propos la fillette montra l'homme d'un signe de main. Parfaitement manipulé il ne devait plus se soucier d'elle...

"Il n’ya que vous ici que je –connais-, tout du moins vous m’avez suffisament mis en garde pour que je vous fasse confiance, s’il vous plaît Monsieur… conduisez moi jusqu'à mon oncle et ma tante... Je ne sais plus comment m'en sortir. Je suis seule, j'ai faim et je meurs de froid..."

Pénétrant son esprit comme un couteau rentrerait dans du beurre, la Ventru sentait le faible pouvoir de résistance se trouvant face à elle, et en à peine quelques instants, alors qu'elle détournait son regard pour revenir vers la place où se trouvait l'étranger, elle entendait le garde retourner paisiblement à sa place, comme si rien ne s'était produit.

Un léger froncement de sourcils lui parvint cependant quand elle remarqua que l'homme qu'elle suivait des yeux n'était plus à sa place. Un rapide coup d'oeil, tentant d'éviter les gens et leurs continuels déplacements pour le repérer, suffit : suffisamment alerte cependant pour éviter toute collision, et faire attention à son environnement immédiat, mais apparemment pas assez pour remarquer le regard enfantin qui se posait sur lui, il marchait tranquillement, les mains dans les poches, vers la sortie du hall.

Dans un sursaut la fillette se retourna.

Elle avait cru un court instant être pris de revers par le contact que l'inconnu attendait. Ce n'était que l'homme de la sécurité. Restait que par son seule présence ce loustic posait problème dans les plans de la ventrue. Agacée par ce grain de sable bloquant son engrenage elle décida de réagir au quart de tour, mettant en avant ce que son statut de vampire lui conférait : des habilités assez sympathiques. La ventrue sourit doucement, presque naïvement et plaqua ses yeux brunis dans ceux du garde de nuit. Un pouvoir de manipulation : la suggestion allait s'opérer. (Du moins l'espérait t-elle!)

"Laisse moi tranquille, oublie moi et retourne à ton poste, veux tu?"

Ne faisant absolument pas attention à la jeune fillette, l'homme qu'elle avait rencontré quels instants plus tôt sorti un portable dernier cri sur lequel il sembla composer un numéro de téléphone.

S'éloignant du centre de la gare où avait eu lieu la rencontre afin d'éviter la foule s'y déplaçant, il s'approcha d'un banc sur lequel il s'assit, commençant une discussion, ou peut-être un message sur un répondeur... La Ventru constata rapidement que tout en téléphonant, il semblait rester assez alerte, ou du moins observait-il la population qui se mouvait dans le hall d'entrée.

Quelques minutes passèrent, et alors qu'il s'apprêtait à ranger son portable, une ombre se posa au dessus de la jeune fille. Levant les yeux devant un nouvel interlocuteur, elle eut la surprise de remarquer l'homme de la sécurité que lui avait indiqué l'étranger quelques minutes plus tôt lui demander :
"Un problème jeune fille ? Tu attends quelqu'un ?"

"C'est drôle j'avais confiance en vous..." répliqua George la mine boudeuse. Comme cet enfant dont la mère refuse encore et encore de lui acheter des sucreries multicolores, la petite tourna les talons récupéra sa lourde valise et commença à la traîner en avant, la colère l'aidant à cette tâche.

"Mais si vous n'avez pas le temps... Je vais allez faire un tour du côté des taxis tant pis! Bonne soirée Monsieur l'étranger!"

La vampire ne se gênait pas pour reprendre ce que l'homme lui répétait à chacune de ses phrases. Son caractère de peste capricieuse avait pris le dessus rapidement. Sa prochaine direction fut donc la place mais une fois atteinte, et ayant bien pris d'avoir disparue du champs de vision du colosse la fillette à la robe de soie brodée s'arrêta net. Dans un dernier effort elle plaqua son lourd sac de cuir contre un mur, à l'ombre puis s'aida de sa petite taille pour se camoufler à quelques mètres à peine de sorte que personne ne le remarque (et surtout pas l'inconnu). Ainsi cachée, elle espérait de sa position avoir une vue quasi-parfaite sur son ex-porteur de bagages, fortement intéressée par ce "quelqu'un" qu'il attendait.

Elle patienterait le temps qu'il faut, mais elle saurait qui sa "proie" préférait à elle. Déjà jalouse? Peut être bien...

"Je suis un étranger, et on ne doit pas faire confiance à un étranger petite."

Il regarda autour de lui, fixant son regard sur un agent de la sécurité un peu plus loin qui regardait le déroulement de l'activité de la gare, puis sur la porte de sortie.
"Tu aurais plus de chance en parlant avec quelqu'un de confiance, et le genre d'individu là-bas sont des gens de confiance.

Sinon tu peux directement aller voir les taxis sur la place... Mais j'espère que tu sais que la vie coûte cher, et si tu as de quoi payer, fais toi pas avoir par eux."

Il lui assura un sourire plein de condescendance, avant de redescendre le sac.

"Ecoute petite, j'attend quelqu'un ici. Je me verrais mal jouer les baby-sitters pour l'instant. Alors écoute mon conseil, et fais gaffe. A ton âge, et à cette heure, tu devrais dormir. Qui sait les maniaques qui rôdent cette nuit. Méfie toi, et va voir l'agent là-bas. Lui devrait te renseigner."

De l'énervement la fillette passa à l'étonnement. Les moqueries de la petite troupe sur son incapacité à traîner correctement ses bagages cessèrent dans son esprit quand elle sentir la poignée de sa valise léviter comme par magie. Ce n'était pas là l'oeuvre du saint esprit elle le savait bien, elle misait plutôt sur une âme charitable. Elle se retourna donc et fit face à un bel homme, colosse à ses yeux plein d'appétit.

George ne put s'empêcher d'enchaîner sur une petite révérence comme si ses rituels d'aristocrate ne l'avaient jamais quitté puis elle fixa l'inconnu et lui sourit timidement comme le faisait les enfants sages. La discussion fut très vite engagée, l'homme la mettant immédiatement en garde, lui rappelant la dangerosité des ténèbres.

"Savez-vous qu'il est dangereux pour une jeune fille de votre âge de se déplacer seule de nuit ?"

"A qui le dîtes vous? Je passe une soirée horrible! Vous avez du me voir en détresse... traînant tout ces kilos sous les rires de ces imbéciles après plus de cinq heures de train. Je suis exténuée...

Je vous remercie pour votre aide soit dit en passant, vous êtes un peu le prince charmant de cette nuit!

Je viens d'apprendre que mon oncle et ma tante chez qui je viens passer une semaine, ont eu un accident de la route. Rien de grave, mais ils sont bloqués en plein centre ville d'Aurillia et ils n'ont personnes à m'envoyer pour venir me récupérer vu l'heure... Je pensais peut être prendre le taxi Je peux très bien me débrouiller seule, à moins que..."

Tout en forgeant sa réponse, George regardait l'étranger avec une mine d'agneau, mais... n'était ce pas là de la confidence forcée?

Difficile progression, dans cette salle immense, à éviter la population qui se ruait de l'entrée aux guichets, des guichets aux quais, ou des quais à la sortie, dans un mouvement presque perpétuel qui laissait la fillette pantoise...
Le sac était plus lourd qu'elle ne l'aurait pensé initialement, mais pourquoi avait-elle tant pris d'affaires ?

Quelques mètres plus loin, une bande de jeunes se mirent à rire en la regardant se dépatouiller avec son bagage bien encombrant. La sécurité, si sécurité il y avait, ne semblait guère désireuse de lui venir en aide... Quand bien même, qu'aurait-elle pu leur raconter de bien intéressant ?

L'idée lui vint au moment où une main se referma sur la poignée du sac, et où celui-ci échappa de la force de la fillette pour se retrouver juste au dessus d'elle. L'homme qui venait de l'attraper semblait aussi fort que charmant, et si seulement il n'avait pas eu en face de lui une fille qui aurait l'âge d'être sa petite soeur elle aurait peut-être pu être intéressée. Le sourire aux lèvres, il baissa les yeux sur George, avant de lui rétorquer :
"Savez-vous qu'il est dangereux pour une jeune fille de votre âge de se déplacer seule de nuit ?"

Devant tant d'indifférence à son égard une main pleine de veines et de colère se referma sur la poignée de son sac de voyage. Un coup de rein à la fois sec et brusque permis à la fillette de faire avancer son lourd handicap de cuir tandis que son regard sévèrement froncé pointait la sortie comme unique objectif pour les secondes à venir.

Le pas décidé, sa valise la suivant comme un fardeau plus que comme une ombre la petite George se demandait bien ce qui pouvait l'attendre à l'extérieur de la Gare. Après tout elle n'avait jamais mis les pieds dans cette ville, et chose plus drôle encore : elle ne savait ni où aller ni qui rencontrer. Ici à Aurillia, sa vie repartait de zéro. La fuite en avant n'avait pas été une option ou un choix mais bel et bien une obligation...

Mais l'indifférence fut la seule chose que lui rendit ce majestueux bâtiment. La foule se pressant devant elle, la coutournant, les guichets encore pris d'assaut malgré l'heure tardive, les plaintes, le stress, les joies des retrouvailles, la tristesse des départs... Dans ce méli mélo de sentiments, de sensations et d'actions, personne ne semblait se soucier de cette frêle fillette.
Allait-elle retrouver ses parents ? Sa grand-mère patientait-elle à la sortie de la Gare ? La jeune dame derrière qui discutait avec le contrôleur était-elle sa mère ou sa tante ?

Peu probable en réalité que quelqu'un se soit posé ces questions... Ou encore auraient-elles pu effleurer la pensée des quelques voyageurs intrigués présents. Intrigués certes, mais surtout pressés. Trop pressés. Et George ne semblait pour le moment n'avoir à compter que sur elle même...
L'horloge passa sur 22h54. Il se faisait tard, à n'en point douter, surtout pour une petite fille de 10 ans. Mais Aurillia prenait-elle vraiment en compte ce genre de considération ?

[HRP. Veuillez bien m'excuser je sais que je poste ici sans avoir rempli les formalités administratives habituelles à savoir histoire et fiche mais j'attends depuis des mois que ce forum ouvre (j'avais mp Julien en mai dernier) alors quand j'ai vu que certains PJ avaient commencé j'ai décidé de prendre à mon tour la plume. Ma feuille de compétence est sur l'ordinateur de mon travail je la poste demain aux premières heures et dès que j'aurai finalisé mon BG, il suivra. Encore une fois je vous prie d'accepter mes excuses mais l'envie était trop grande...]

Un énième train venait d'entrer dans gare de la cité d'Aurillia, glissant avec paresse sur les deux rails parallèles le monstre de métal arrêta sa course à l'approche des quais sous le regard d'une lune, simple spectratrice.

Le train figé sur place, une masse de voyageurs déboula sur le parterre froid ; certains d'entre eux retrouvant avec une joie non dissimulée leurs proches, tandis que d'autres embrassaient avec fougue leur fiancé(e)... les moins chanceux s'en allaient seul quittant avec hâte ce lieu symbolique en retrouvailles.

La gare à la splendide architecture victorienne déjà pleine de gens accueillit alors une nouvelle personne, quelque peu singulière il faut l'avouer. Une petite fille non accompagnée. Elle était l'une des derniers voyageurs à quitter le train comme si Aurilla n'avait rien à lui offrir et que son imaginaire restait encore attaché un autre lieu du globe.

La fillette n'avait en apparence pas plus d'une dizaine d'années et faisait glisser mal derrière elle, mal à l'aise, un sac de cuir gigantesque sur roulettes de la marque Louis Vuitton. Outre ce bel objet un certain charme aristocratique ressortait par passage sous des frippes de prime abord vulgaires. Un châle long et délavé cachait une robe de soie cousue avec soin et mains expertes, brodées d'armoiries anciennes...

Ses cheveux noir de jaïs dévalant en cascade sur ses épaules dissimulaient quant à eux un regard afûté et croquant qui ne manquaient rien du spectacle offert par les lieux : les immenses lustres en cristal la ramenant dans ses souvenirs.

George secoua la tête pour revenir à la réalité et décida se traîner d'avantage son lourd bagage vers la sortie. La tâche était ardue pour son physique de môme, elle laissa alors déambuller ses yeux doux et tristes à travers la foule encore présente, cherchant un noble serviteur, un chevalier blanc (si tentait en existait il encore). C'étaient là les yeux d'un pauvre enfant... Un enfant oui, en apparence seuleument...