Arrivée de George (suite)

Mais alors que le bus commençait à repartir, George remarqua des failles immenses dans son plan... En effet, comme la majeure partie des bus, celui-ci présentait plusieurs sorties : une à l'avant, une au centre, et une à l'arrière. Si Tino descendait à un autre endroit qu'à l'avant, le verrait-elle dans toute cette cohue ?
De même, si son choix se portait sur l'avant, il la verrait presque forcément, assise comme elle était. Le bus n'avait rien du hall de gare précédent, et il était impossible de rater une personne comme George...

La place commençait donc à s'éloigner petit à petit, tandis que le bus prenait comme direction le quartier situé en aval du lac, vers le barrage. La population autour d'elle était clairement plus jeune, ou du moins moins aisée que celle qu'elle avait vue descendre plus tôt : le quartier siérait-il avec une demoiselle de son rang ?

C'est avec nervosité que la main de George se referma sur la poignée de sa valise. La fillette n'adressa même pas un dernier regard à l'étranger (puisque visiblement c'en était un, et même un de la pire espèce) et avança doucement à l'intérieur en traînant ses affaires. Comment diable avait t il pu changer à ce point? Tino côté pile, Tino côté face. S'était il joué d'elle?

Arrivé aux côté du conducteur et par conséquent de la porte indiquant la sortie, elle décida finalement de ne pas quitter l'autocar. La petite princesse s'assit sur le premier siège libre et laissa sa valise au sol, la jugeant trop lourde pour pouvoir la ranger. Là, elle attendrait. Elle attendrait que Tino arrive à sa destination et elle le suivrait. Aussi loin qu'elle s'en souvienne le jeu du chat et de la souris avait toujours était son préféré.

Cette situation l'amusait autant qu'elle l'agacait. Un sourire crispé apparu sur la vitre du bus, lui renvoyant son reflet. Qu'allait t elle devenir?

Mais le jeune homme se pencha vers elle alors qu'elle commençait à prendre le chemin de la sortie pour lui murmurer :
"Je t'avais prévenue que tout n'était pas rose ici, et qu'il fallait se méfier des étrangers. Je n'ai pas dit que je te suivrais partout, loin de là. Maintenant, apprend à te débrouiller seule, et la prochaine fois qu'une personne te dit de demander à un agent de sécurité, fais le."

Puis Tino se releva, le sac aux pieds de la jeune fille, avant d'avancer dans la foule du bus encore présente, sans plus faire attention à la Ventru. La porte venait de s'ouvrir, et un petit mouvement de foule débuta. Si elle voulait descendre, c'était le moment, sinon le bus l'emporterait avec lui vers sa prochaine destination. Allait-elle rester avec son curieux étranger qui ne semblait plus guère se soucier d'elle, descendre, ou encore entrevoyait-elle une troisième possibilité ?

Peut être se trompait elle mais George sentait Tino devenir plus froid, plus distant. Ses dernières paroles y étaient certainement pour beaucoup dans ce nouveau comportement moins protecteur et chevalresque qu'à l'accoutumée.

"Vexé par mes propos? Je m'emporte souvent, je ne suis pas très patiente... c'est mon jeune âge qui parle vous savez. Comment je vais faire pour transporter cette valise si lourde, et si je ne me souviens plus de l'adresse exacte? La nuit est si sombre, et les rencontres hasardeuses souvent malheureuses."

La fillette se leva majestueusement. Elle tapota se robe puis regarda du coin la porte ouverte du bus qui donnait vue sur l'hôtel de ville : un lieu froid, incisif.

"J'avais confiance en vous." conclu t elle en attente d'une dernière réaction...

Augustino ne répondant pas, George se mit à regarder un court instant les autres passagers. Plongés dans leurs pensées, dans de gestuelles discussions ou dans des lectures tranquilles, les autres personnes présentes ne semblaient nullement remarquer le couple étrange qu'ils formaient tous les deux, bien au contraire.
La bonne ambiance se profilait pour certains, des étudiants à n'en point douter, tandis que d'autres semblaient appréhender leur arrivée dans cette nouvelle ville, et se terraient dans leurs coins pour ne pas se faire remarquer.

A l'extérieur, les boutiques et hôtels luxueux défilaient tranquillement, l'Avenue des Larmes dévoilant à tous ses visiteurs les merveilles de la cité, et sa richesse. Quelques feux, quelques arrêts, puis le bus finit par arriver en vue d'une grande place au pied de ce qui devait s'apparenter à l'Hôtel de Ville. Gigantesque monument à l'apparente froideur, jurant totalement avec le quartier assez récent et sophistiqué qui l'entourait, il n'en était pas moins le coeur de cette cité.

Augustino se retourna, tendant le sac à George.
"C'est ici que tu descends si tu comptes retrouver tes parents. Je vais en profiter pour rester sur cette ligne, ça me rapprochera de mon appartement."

George, le regard fixé sur la vitre du bus regardait le paysage d'Aurillia défiler. C'était la ville où elle allait habiter (contrainte D'une oreille

"Ne sortez pas ce jouet Monsieur Tino, voulez vous? Ca ne servirait à rien, leur numéro est marqué sur un bloc note au fin fond de ce sac qui pèse un âne mort. Je ne vais pas défaire mes affaires ici dans ce bus, devant tout le monde..."

La fillette délivra son plus beau sourire.

"Je vous remercie de l'initiative mais de toute manière je pense les retrouver sans mal, l'hôtel de ville sera un bon repère. Au pire des cas quand nous serons au calme j'utiliserai votre téléphone."

Ses mains se posèrent sur ses genoux puis elle souffla.

"Par ailleurs arrivons nous bientôt?" je sens venir l'ennui des transports... et j'aimerai rencontrer les miens..."

"Je suis au bas de l'échelle. Je fais des petits boulots à droite à gauche, et jusque là je m'en sors à peu près. Rendre des services, travailler un mois pour untel, un mois pour untel, ça finit par faire un joli petit CV...
On parle de crise, mais si on sait comment s'y prendre, il y a toujours quelque chose à faire, surtout ici."

De sa main libre, il se se gratta le menton, prenant une pose interrogative, et reprenant envers la fillette :
"Excuse moi d'insister, mais envoyer sa fille à une heure aussi tardive dans une autre ville, c'est dangereux... Et je maintiens que je te trouve toujours bien trop imprudente. Tu es probablement débrouillarde, mais tu ne me sembles pas connaître très bien cette ville. J'ai un portable, je pourrais peut-être appeler ta tante ou ton oncle pour leur dire où nous retrouver, tu ne penses pas ? Ca m'embêterais de devoir te laisser à l'Hôtel de Ville toute seule, vue l'heure qu'il est."

[HRP. Ce topic est la suite directe de "Arrivée de George".]

Un peu de place, un peu de fraîcheur, elle n'était pas contre. Le confort de cette place assise n'était certes pas celui d'une limousine ou de tout autre véhicule mais George s'en contentait avec une certaine joie. Ne laissant pas de place à des vides gênants Tino enchaîna sur la conversation, passant à une autre question.

"Ma tante et mon oncle?"

La vampire réfléchit un court instant : le mensonge devait sonner vrai tout en restant vaporeux, il ne s'agissait pas de trahir son histoire inventée de toute pièce.

"Ma mante est aide soignante ou infirmière, quelque chose comme ça... elle travaille dans un hôpital c'est tout ce que je sais. Mon oncle quant à lui travaille pour une banque. Leur fils est au lycée, il redouble la dernière année.

Et vous, Tino dîtes moi... que faîtes vous pour gagner votre pain?"